L’Ergologie

L’ergologie est une démarche permettant d’analyser des situations de travail et plus généralement les activités humaines, et d’intervenir pour les transformer

Le concept de l'ergologie

L’ergologie est une démarche d’appréhension et d’analyse de l’activité humaine développée au sein de l’Université d’Aix-Marseille par le philosophe Yves Schwartz, le sociologue Bernard Vuillon et le linguiste Daniel Faïta. L’activité y est définie comme un élan de vie, de santé, sans borne prédéfinie, qui synthétise, croise et noue tout ce qu’on se représente séparément (corps, esprit ; individuel, collectif ; fait, valeur ; privé, professionnel ; imposé, désiré ; etc.).

Yves Schwartz - Ergologie - Ergologic

Yves Schwartz, le père de l’Ergologie

L'ergologie : un dispositif à trois pôles

L’approche ergologique se caractérise, notamment, par trois éléments, représentés au sein d‘un dispositif à trois pôles :

  • Un premier pôle regroupe les savoirs académiques constitués autour du travail (linguistique, psychologie, sociologie, droit, économie, ergonomie, gestion …) : ce pôle fournit des instruments et des clefs de décryptage des situations de travail.
  • Un deuxième pôle est celui des collaborations entre les acteurs du travail et les apporteurs de concepts. Il s’agit du pôle des forces de rappel. Il est impossible de produire une connaissance du travail indépendamment de ceux qui en font quotidiennement l’expérience. Cette collaboration se traduit par l’importance donnée à la parole des acteurs du travail.
  • Un troisième élément est constitué par le pôle des valeurs, présent dans toute confrontation des savoirs et de l’expérience. Il suppose qu’on ne peut pas produire de connaissance sur le travail sans s’interroger sur les conséquences de cette production.

L'ergologie : une clinique du travail

Recueillir, valoriser, comprendre et prendre en compte le savoir investi dans l’expérience est l’objet de la pratique ergologique. Elle s’appuie sur différentes méthodes inspirées de la méthode de l’instruction au sosie.

L’exercice d’ »instruction au sosie », mis au point à la Fiat dans les années 1970 par Ivar Oddone, médecin du travail et psychologue, au cours des séminaires de formation ouvrière de l’université de Turin, repose sur un travail de co-analyse au cours duquel un professionnel (l’instructeur) reçoit la consigne suivante : “Suppose que je sois ton sosie et que demain je me trouve en situation de te remplacer dans ton travail. Quelles sont les instructions que tu devrais me transmettre afin que personne ne s’avise de la substitution ?”.

L’Homme producteur

La co-analyse suppose que le salarié est acteur de la production de connaissance sur son activité en vue de sa transformation. Il n’est jamais un objet d’étude mais producteur d’un savoir sur sa propre expertise. On a pu alors parler de « Communauté scientifique élargie ».

Il a pour origine une réflexion et une pratique autour de la santé des salariés des usines, et d’un point de vue qui se trouve résumé ainsi :

« Nous avons été frappés par le fait que tous les délégués – même s’ils travaillent à la chaine ou aux presses – parlent de leur travail comme de quelque chose qui les stimule, qui éveille leur intelligence, leur habilité psychomotrice et leur capacité de création (ce qui est à mettre au compte, non du travail en soi, mais des perspectives que les travailleurs savent se créer). C’est ainsi que la prédétermination des temps et des gestes, qui est un facteur de multiples contraintes, ne les fait pas pour autant pleurer sur leur destin et sur celui de l’humanité, mais les pousse au contraire à tirer le meilleur d’eux-mêmes et des autres pour obtenir des changements. C’est une lutte dure, continuelle, qui est vécue comme un jeu où l’on se bat toujours pour gagner et non pour perdre. » – (Oddone I., Rey A., Briante G. (1981), Redécouvrir l’expérience ouvrière. Vers une autre psychologie du travail. Editions sociales, Paris, p.212).

La méthode a été depuis théorisée et intégrée dans des réflexions élargies (notamment en psychologie du travail au CNAM avec Y.Clot) et utilisée dans de nombreux secteurs (en particulier l’éducation nationale). Elle a été prolongée notamment par l’introduction de l’image et la méthode de l’auto-confrontation, simple ou croisée (avec notamment l’apport du linguiste Daniel Faïta).

Groupes de Rencontre du Travail (GRT), une analyse ergologique des pratiques professionnelles

Les GRT visent à agir sur le sens au travail, facteur de développement de la santé et de l’efficacité.

Il s’agit d’accéder aux manières de faire (individuelles puis collectives) requises pour gérer l’écart qui nait de la rencontre entre des prescriptions, une situation particulière et une personnalité singulière, dans l’objectif d’améliorer l’organisation du travail.

Ce dispositif de transmission de savoirs entre les professionnels place le travail au centre des débats. Il permet de préserver les relations interpersonnelles et favorise la cohésion d’équipe.

A ce titre, il s’inscrit dans le cadre d’une démarche de prévention des risques professionnels (RPS en particulier) et d’amélioration de la qualité de vie au travail (QVT).

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