Rencontre du 19 mai 2022 à Sisteron avec Yves Schwartz

Synthèse

« Dites-nous ce que vous faites en matière de production de savoir,

et je vous dirai quelles avaries vous rencontrez dans votre vie professionnelle »*

 

Cette nouvelle rencontre avec Yves Schwartz, s’est construite autour de l’idée de partager les savoirs des animateurs de RAVie, à partir de la question :

« Sauriez-vous dire comment vous faites, ce que vous engagez, pour conduire les RAVie, animer les formations ? Quelles rencontres entre vos savoirs, vos savoirs d’expérience, les apports des experts et la richesse des publics ? »

L’introduction, par un panorama de l’histoire de l’ergologie et de ses concepts premiers, se voulait faire prendre conscience de ce fait que l’ergologie est une démarche sans cesse évolutive, sans cesse « renormalisée » en fonction des rencontres et en cela porteuse « d’inconfort intellectuel ».

 Introduction Jean –Pierre Pesce

La présentation des RAVie, dispositif professionnalisant expérimenté depuis 2010,  les inscrit également dans une histoire, avec des principes inchangés depuis les débuts et validés par une expérience fournie, notamment dans les Hautes-Alpes.

Intervention de Catherine Leprince sur l’historique des Relais Assistants de vie

Ces « Relais Assistantes de Vie » se construisent avec les assistantes de vie lors de cinq séances de trois heures, de manière souple et ascendante. Il s’agit d’un dispositif ouvert, lieu de connaissance et de reconnaissance, où l’animateur a un rôle fondamental pour amener à penser et parler les pratiques, et l’expert, en appui des besoins exprimés, apporte – et confronte- ses savoirs à l’expérience des assistantes de vie.

La production collective de la cinquième séance, préparée et réfléchie par les assistantes de vie, salariées trop souvent isolées dans leur travail à domicile, les engage à interroger ensemble leur expérience pour créer du collectif. De même, le passeport formation qui atteste de ces moments de professionnalisation est-il un lien avec le métier, une profession en cours d’affirmation.

Les RAVie, malgré leur souplesse sont cependant de plus en plus encadrés administrativement, avec des visées d’évaluation et de montée en compétence qui pourraient à terme en atténuer l’intérêt. Ils restent un tremplin pour les formations et les approfondissements, au gré des parcours de chacune et chacun, qui ainsi enrichissent mais aussi renorment les pratiques.

C’est ainsi qu’est apparue la part de la « transgression », de la torsion de la prescription dans l’animation des relais, pour leur réussite, transgression pensée et co-construite avec les participant(e)s.

Cependant, le temps limité et la difficulté de parler son travail n’ont laissé que peu de place pour dire et entendre comment s’opère le dialogue entre les animateurs et les assistantes de vie, notamment lors de la première séance, essentielle pour la tenue du RAVie.

Pour Yves Schwartz, les cinq séances, les débats, la production collective « donnent des idées et des formes pour transformer, ce qui valide l’ensemble du dispositif ». Il relève la nécessité de mieux intégrer les employeurs dans la réflexion, comme pluralité de prescripteurs, d’aller vers l’activité des personnes sans préjugés et l’importance fondamentale de se laisser instruire par l’expérience.

Isabelle Mathieu- Jean-Pierre Pesce

* Yves.SCHWARTZ, « L’ergonomie en quête de ses principes », ouvrage collectif, ed. Octarès, 1996